LE ZOOROPA TOUR A CAPTIVE 70.000 FANS A WERCHTER
U2 est revenu
et a convaincu
WERCHTER- Un Bono qui
chante en plein milieu du public
une version a capella de Can't help
falling in love
, standard popularisé
il y a une trentaine d'années par
Elvis Presley, avant que les baffles
n'en renvoient la version originale
du King... Telle sera la dernière
image laissé par U2 aux 70.000
aficionados qui se sont pressés sa-
medi soir sur la plaine de Werch-
ter. Après un peu plus de deux
heures d'un show intense, le roi
Bono tirait ainsi sa révérence. La
soirée avait été longue, grandiose,
majestueuse. Bref, inoubliable...
Même ceux qui avaient assisité, il
y a un an, au concert de U2 donné
dans le bunker du flanders Expo
auront été surpris par cette version
en plein air du Zooropa tour. Sur le
fond d'abord, puisque le band a -
légèrement - modifié son réper-
toire. Plus de Dancing queen offert
en version acoustique. Point non
plus de I still haven't found what
I'm looking
for exécuter en rappel.
Par contre, les fans de la première
heure ont pu se délecter à Werch-
ter d'une version hyperspeedée de
New year's day (cette guitare de
The Edge !) et de l'émouvant Party
girl
. Coté reprises, on retiendra,
outre Can't help falling in love, un
très court extrait de Unchained
melody
et le désormais classique
hommage à Lou Reed avec Satel-
lite of Love
.

Zapping
et débauche sonore

Sinon, pour le reste, l'essentiel
de leur répertoire live est puisé
dans Achtung baby et, en seconde
partie, dans The unforgettable fire
et Rattle and hum. Comme à Gand
c'est Zoo station qui a ouvert les
festivités dans un déluge de larsen
et de voix déformées. puis, est
tombée l'avalanche des rythmes et
des riffs avec le tiercé imparable
The fly - Even better than the real
thing - Mysterious ways
pour le-
quel on a eu droit aux déhanche-
ments suggestifs d'une danseuse
du ventre arabe -, suivi par le
toujours évident The one et,

Avant de faire la fête à Bono, les 70.000 spectateurs de Werchter avaient écouté distraitement, sous les
derniers rayons de soleil, les concerts de Stereo MC'5 et de Urban Dance Squad.
quelques évanouissement plus
tard par Until the end of the
world.
Ces titres et les autres Pride,
Desire
ou encore Love is blindness
sont tous accompagnés par une
débauche d'effets visuels et so-
nores. Quant au décor, sorti en
droite ligne d'un remake de Blade
runner
, il joue autant sur le
trompe-l'oeil (écrans vidéo qui font
office de gratte-ciel dans cette
infrastructure futuriste, antennes
scintillantes qui crachent de la fu-
mée) que sur l'imprévu. Un
exemple ? Durant tout le show, un
vidéo-jockey était chargé de sur-
veiller les images télé qui lui ve-
naient du monde entier via une
antenne parabolique, pour ensuite
les zapper sur des écran géants.
Surprenant aussi, mais un peu trop
longuet, le coup du coup de télé-
phone donné par Bono. Durant la
tournée américaine de U2, Bono
appelait en direct la Maison-
Blanche ou se faisait livrer des
pizzas par un commerçant du
Bronx. A Werchter, il est entré en
ligne avec le dispatching d'une
compagnie de taxi. " My name is
Bono, I want to go home, I want to
go home "
, lâchera-t-il avant d'en-
tonner dans le cornet le couplet de
Ultra violet.
Evoluant avec dextérité dans ce
vaste espace technologique, les
membres de U2 cultivent aussi ha-
bilement les contradictions. Tantôt
proches et humains (lorsqu'ils quit-
tent scène et instruments élec-
triques pour s'avancer en plein mi-
lieu du public et offrir un miniset
acoustique), tantôt distants et
inaccessibles (leur fuite à la fin du
concert ou lorsque leur chanteur se
prend pour Mephisto et balance
ses harangues ambiguës au pu-
blic), The Edge, Larry Mullen,
Adam Clayton et Bono ont livré
samedi une performance inédite
qui, à défaut d'être parfaite du
début à la fin, a eu le mérite de
rehausser les sommets habituelle-
ment atteints par ce genre de
grand-messe rock. Tant sur le fond
que sur la forme, ce sera difficile,
très difficile même, de faire mieux.

Luc Lorfèvre

Travailleur de l'ombre,
le guitariste The Edge
a multiplié avec sobriété
les prouesses techniques
tout au long du show.


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